dimanche 17 août 2008

Le respect de l'adversaire


Je continue dans le domaine de l'approche mentale de session. Dans cet article, je vais me focaliser sur la considération de l'adversaire. Pourquoi? Ne vous est il jamais arrivé de vous faire attraper par un fish parceque vous l'avez négligé? Vous l'avez joué à l'envers? Vous avez perdu un gros pot et celà vous a détruit le moral? Vous est il arrivé de jouer contre un joueur très fort et d'avoir perdu vos moyens contre lui parceque vous lui portiez trop de respect?

Je me souviens d'un bouquin sur la préparation mentale au tennis qui décrivait les différentes approches possibles au tennis. Je pense qu'il y a pas mal d'idées à repiquer.

1) Perdant - Perdant.
"Je suis mauvais, et mes adversaires sont mauvais". Cette approche est démoralisante. De toute façon, le poker joué sera tout pourri, et que le plus chattard gagne? Difficile de donner le meilleur de soi même dans ces conditions. Cette approche est je pense assez rare. En tout cas, il vaut mieux car ce n'est pas une approche "compétition". C'est au mieux une approche "loisir", et encore, pas la plus "fun". Mais dans un bad run... Attention.

2) Perdant - Gagnant.
"Je suis mauvais et mon adversaire est très fort". Au tennis, ça arrive. Vous avez perdu le match avant même de rentrer sur le terrain. En pratique, la tendance ne sera jamais inversée... A moins que l'adversaire se blesse. Cette approche conduit de la même manière au renoncement. Vous ne faites pas le maximum pour gagner ("de toutes façons, ça ne sert à rien, vu que je vais perdre"). Les qualités de l'adversaire combinées à votre renoncement font petit a petit pencher l'affrontement en sa faveur, ce qui ne fait que renforcer votre croyance. Il n'y a pas d'issue.
Au poker, c'est tout à fait applicable. Vous redoutez et respectez un peu trop un adversaire qui s'attaque à vous et vous marche dessus. Vous serez quasiment obligé d'avoir les nuts contre lui pour le jouer.

3) Gagnant - Perdant.
"Je suis bon et mon adversaire est mauvais". Le péché d'orgueil. La confiance en soi est une bonne chose. Par contre, penser que l'adversaire est mauvais peut amener quelques complications. Si vous pensez que vous allez gagner facilement, vous n'êtes pas à 100% de vos moyens vu que vous vous attendez à un match facile. Ce manque de concentration peut vous amener à faire des erreurs. Et en poker de tounoi, une erreur peut vous mettre dehors. En CashGame mettons que vous avez un beau winrate potentiel de 15BB/100. Vous gagnez 15 caves toutes les 10k hands. Si Vous jetez une cave par péché d'orgueil toute les 2000 mains, vous gachez 1/3 de vos gains. Ce n'est pas neutre.

De plus, si vous commencez à perdre des pots importants contre des joueurs que vous considérez mauvais, quelque soit la raison (chance, bad beat, set ups, erreurs de votre part...), ce n'est pas bon pour le moral. Il y a même des chances que cela amorce un début de tilt... Voire pire. Si vous vous retrouvez short stack vous aurez peut être tendance à payez le premier coup à tapis plutot que de chercher méticuleusement des spots corrects pour remonter. Si vous commencez une session de cash "derrière", vous chercherez peut être à remonter trop vite en prenant des risques inconsidérés.


4) Gagnant - Gagnant
"Je suis un bon joueur et mon adversaire aussi". Vous vous attendez à un combat difficile. Vous êtes confiant en vos qualités, mais vous respectez celles de l'adversaire. Tous vos sens sont en éveil. Vous savez que la décision va se faire sur des détails, et donc vous êtes appliqués pour ne commettre aucune erreur. Vous cherchez la moindre faille chez votre adversaire. Cette approche est naturellement la meilleure.

Par ailleurs, si vous prenez un mauvais coup, vous l'encaisserez sans doute mieux vu que de toutes façons vous vous attendiez à un combat difficile. La perspective de continuer short stack en tournoi, ou de poursuivre une session en étant derrière ne vous fait pas peur. Cela faisait partie des possibles. Vous y étiez préparé. Vous continuez, concentré et motivé, à prendre les meilleures décisions possibles.

Il y a parfois beaucoup de dédain au poker. Un tel est un "fish", un autre est un "donk". C'est souvent un jeu, parfois non. Mais attention à ne pas tomber dans un excès d'optimisme ou de pessimisme. Chaque joueur de poker est un joueur plus ou moins motivé, plus ou moins expérimenté, plus ou moins concentré. Même s'il fait des erreurs, il ne fait sans doute pas "toutes" les erreurs. Attention à bien cibler ses points faibles, et à jouer dessus. Et attention à ne pas faire de plus grosses erreurs que lui par mégarde. Ne vous attendez pas uniquement à marcher sur la table et à monter un stack rapidement. Ce n'est qu'un scénario possible. Cela demandera un engagement optimal pour monter ce stack, et tout autant pour ne pas redistribuer les jetons.

Contre un très bon joueur, tout n'est pas perdu. Il a peut être plus de technique que vous. Il vous lit peut être mieux. Fait peut être moins d'erreurs. En CashGame, il vaut mieux l'éviter. En sortant si la table n'est pas assez bonne, ou en restant mais en le jouant "blindé" si vous le jouez. En sitAndGo et en tournoi, vous ne pouvez pas l'éviter complètement. Mais cela vaut le coup de s'accrocher, d'essayer de faire le moins d'erreurs possibles, et de gagner du temps. Vous pouvez l'attraper sur un setup ou un badbeat. Il peut se faire attraper par un joueur moins bon. Il peut perdre patience et commettre le péché d'orgueil. A son contact, si vous l'observez bien, vous apprendrez peut être quelques trucs qui vous resserviront. Il peut lui aussi faire des erreurs. Et sur une erreur, il peut sortir, ou lacher une cave.



L'approche "gagnant - gagnant" est la meilleure, quels que soient les qualités ou les défauts d'un joueur. Si vous avez pris une avance conséquente dans une partie en jouant un très bon poker et en respectant tous vos adversaires, attention à ne pas tomber dans une approche "gagnant - perdant" et à ne pas gacher une fin de partie en vous relachant. Une erreur peut relancer un joueur, ou vous faire perdre votre avance. Continuez le travail au maximum de vos possibilités tant que la partie n'est pas terminée.

Ce n'est pas manquer de respect à quelqu'un de lui trouver des points faibles, et de se concentrer dessus pour optimiser ses chances de gagner. C'est un péché d'orgueil de penser que l'on est très supérieur à un autre joueur, et de penser que l'on peut jouer en dilettante contre lui et gagner quand même. Cela marchera parfois. Cela coutera très cher d'autres fois. Et tout ce qui coute de l'argent au poker est une erreur à gommer.

2 commentaires:

yoren a dit…

théorie du OKness utilisé en analyse transactionnelle facile à comprendre et à utiliser. Si quelqu'un veut des bouquins, j'en ai des sympas.

Akh361 a dit…

Encore une fois, un excellent post Alex.
Bravo!