jeudi 14 août 2008

Comment aborder une session ?

Au vu des dernières discussions avec certains de mes collègues, il apparait que beaucoup d’entre nous avons un problème commun en ce moment. Nous faisons des erreurs que nous connaissons. En direct, lors de la mise, du allin, du call, de l’entrée dans une main, nous savons que c’est une erreur. Et pourtant, nous le faisons quand même. Tilt, encore et toujours… Comment combattre ce fameux tilt ?? D’où vient il ? Quelle est sa naissance, comment le gérer ?

Aujourd’hui, je n’aborderai pas comment le gérer. Cet article sera plutôt orienté sur « Comment l’éviter », en parlant des objectifs d’une session.

La naissance.
Souvent, il nait d’une sensation d’injustice après un bad beat, ou d’une frustration lors d’un bad run, un mauvais set up, une période sans jeu un peu longue… Mais parfois aussi, d’une frustration liée à une session négative ou moyenne qui ne décolle pas. D’un objectif financier que l’on s’est fixé qui n’est pas atteint

C’est là dessus que je voudrais insister : les objectifs d’une session. Ce sont des objectifs à court terme. Quelques centaines de mains en cash game, quelques Sngo, quelques MTT. Je pense qu’on ne peut pas se fixer d’objectifs financiers sur une durée aussi courte. Le résultat financier d’une session courte va dépendre de plusieurs facteurs :

- la qualité des autres joueurs.
- la qualité de son jeu technique
- la gestion mentale de la session
- la chance, les cartes

On peut influer sur la qualité des autres joueurs par une sélection des parties.
On peut influer sur la qualité de son jeu.
On peut influer sur la gestion mentale de la partie.
On ne peut pas influer sur la chance et sur les cartes.

Conclusion, on ne maitrise pas le résultat financier d’une session courte au poker. Et on ne peut pas se fixer d’objectifs financiers sur une session courte. Au poker, on ne décide quand rentre l’argent. Par contre, on peut faire le maximum pour minimiser ses pertes et pour optimiser ses gains. Mais cela ne garantira pas une session positive.

Je pense que non seulement c’est une erreur de se fixer un objectif financier à court terme, mais de plus, je pense qu’il faut se détacher du résultat financier en cours de session. Les seuls facteurs qui doivent nous influencer sur le fait de poursuivre une session ou de la stopper sont :
Est-ce que la table ou ces tournois sont bons pour moi en ce moment ?
Est-ce que je joue bien techniquement en ce moment ?
Est-ce que je suis mentalement et émotionnellement en état de bien jouer au poker ?
Est-ce que je suis fatigué ? (qui rentre dans la catégorie précédente)

1) La qualité des autres joueurs
La qualité des autres joueurs peut parfois être influencée, au moins en CG ou en SitAndGo par une sélection de table. Pour les MTT, le tirage aléatoire des tables rend les choses plus compliquées. Néanmoins, posons-nous la question avant de commencer un tournoi. Somme nous meilleurs que la majeure partie des joueurs au départ ? Avons-nous une espérance de gain positive sur ce tournoi ? Nombre de joueurs, nombre de payés, niveau des joueurs, BuyIn ,… Nous pouvons décider de jouer sur un BuyIn plus élevé que d’habitude, parce que notre bankroll nous le permet, parce que nous maîtrisons la limite inférieure. Néanmoins, attendons nous à des résultats plus difficiles au début. Concentrons nous sur l’apprentissage de cette limite plus que sur le résultat financier.

Sinon, choisissons plutôt des limites ou les joueurs sont globalement plus faibles que nous. Dans ces conditions, nous optimisons nos chances de gagner.

2) La qualité de son jeu.
Ce facteur ne dépend que de nous. Nous avons des acquis preflop, postflop, lecture des joueurs. Nous devons toujours avoir en tête de ne pas jouer à l’opposé de ce que nous savons. Ce peut être un objectif majeur de la session. Ne pas prendre de décision contraire à notre conviction. Et si jamais nous le faisons quand même, notons la main en question. Quel que soit le résultat de la main. Au final, nous ferons le bilan sur ces mains. En reprenant les mains une par une, techniquement, avions nous raison de redouter notre prise de décision ? Quel est le bilan financier de ces mains ?

3) la gestion mentale de la session
Je me concentre sur le fait de ne pas tilter quoi qu’il arrive. Je me concentre sur ma technique. Que se passe t’il à la table. Que fait on sur cette main en particulier ? Si jamais on perd les pédales, on ferme les tables de cash game. On ne relance pas de tournoi, on ne relance pas de SitAndGo. On ne regarde pas le résultat financier, on se concentre sur la technique. Et quoi qu’il arrive, on s’accroche, on ne tilt pas. Si le tilt monte, et qu’on arrive pas à le gérer, on arrête.

4) les cartes, la chance. On ne maitrise pas. Donc on s’en détache. La chance s’équilibre sur le long terme. Les tilts s’additionnent sur le long terme. Avant de commencer une session, on peut se préparer à jouer des bad beats, des mauvais setups, des longues périodes sans jeu. Préparons nous à bien jouer ces mauvais cycles. A jeter les cartes, à encaisser les mauvais coups et à rester calme, lucide et concentrés. Si le tilt monte, on arrête. Si on a des techniques pour se calmer, on peut les mettre en pratique et continuer. Mais il faut rester vigilant et être prêt à tout arrêter et à se re concentrer.

C’est sans doute un point sur lequel travailler. Comme dans beaucoup de sport, il est très dangereux de se fixer des objectifs de résultat et de se focaliser dessus. Je pense qu’il est préférable de se fixer des objectifs d’excellence. C'est-à-dire s’appliquer à bien faire, du mieux possible. Une fois que l’on a fait de son mieux, on peut constater le résultat, et revenir sur ce que l’on a bien fait ou mal fait. Ensuite, entre deux compétitions, on travaille ses points forts et ses points faibles, et on passe ensuite de nouveaux tests.

Le résultat ne dépend rarement que de nous. Le ou les adversaires avaient le même objectif que nous. Ils se sont entrainés eux aussi pour ça, et ils nous étaient peut être supérieurs ce jour là. Au poker de plus, ils ont peut être aussi eu de la chance. Nous étions peut être supérieurs techniquement, mais nous avons craqué mentalement ? C’est une dimension à part entière de la compétition.

Quel que soit le résultat, bon ou mauvais, quel que soit le niveau d’excellence auquel nous avons évolué, il ne sert à rien de se fustiger au-delà du raisonnable. Reprenons nos parties lucidement, travaillons nos points faibles, soyons vigilants pour entretenir nos points forts, et préparons nous au prochain combat. Fixons nous des objectifs que nous maitrisons. Soyons concentrés sur ces objectifs d’excellence.

Une nouvelle fois, je suis persuadé que cette attitude positive sera largement payante sur long terme.

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