dimanche 31 août 2008

Attention à la Frustration

Il vous est sans doute arrivé de commencer une partie et de rien voir pendant 50 mains ou plus. Très peu de mains preflop, quand vous voyez un flop il n'y a rien pour vous, si ce n'est une 3eme paire inexploitable de temps en temps ou un tirage ventral. Pire, devant ce désert de jeu, vous tentez quelques moves pour maintenir votre stack, et à chaque fois, on vous revient dessus. Ou tout simplement, un adversaire s'accroche sérieusement et il devient de plus en plus hypothétique de le voir se coucher à la rivière. Encore pire, vous touchez un petit jeu, quelque chose comme Top Paire Good Kicker, vous vous dites que vous allez enfin gagner un pot et devant l'action que vous recevez, il devient de plus en plus douteux que votre main est bonne. Vous abandonnez le coup, mais le flux des jetons par rapport à votre stack est unilatéral: vers la sortie. Pour autant la situation n'est pas forcément catastrophique. Vous avez encore une bonne profondeur dans votre tournoi, ou votre session de cash game est négative de quelques dizaines de blindes. Quand tout va mal comme ça, on peut aussi ajouter quelques monstres preflop ou au flop qui ne prennent que les blindes.


Un danger plus grand est en train de s'installer. La frustration:


- Vous avez envie de gagner un pot qui ressemble à quelque chose.

- Le doute s'installe. Fais je de bons lay down ou suis entrain de me faire marcher dessus ?

- Se peut il que ces joueurs touchent autant de bons jeux?


Ces sentiments sont légitimes. Comment imaginer des brelans chez vos adversaires quand vous même ne voyez pas une seule pocket?

Comment imaginer des quintes et des couleurs si vous ne touchez pas le moindre tirage quand vous voyez un flop?

Comment imaginer que le joueur adverse à touché top two paires quand vous n'avez pas floppé mieux que bottom paire la dernière heure?


Et pourtant nous savons tous que c'est tout à fait possible. Les bons et mauvais rush sont faits ainsi.


Le danger est pourtant double: prendre plus de risque pour faire des move parcequ'on ne croit plus les adversaires, et reconsidérer à la hausse le moindre jeu que l'on touche.


J'ai fait cette constatation chez moi lors de mauvaises sessions de cash game, je l'ai observé sur d'autres joueurs en live, et je viens de lire Gus Hansen se faire cette réflexion sur une main qu'il paye preflop alors que son début de tournoi est catastrophique au niveau réussite. (la moitié du stack perdu en 7 ou 8 mains jouées lors du premier niveau).


J'ai vu un joueur solide réfléchir plusieurs minutes à payer une mise représentant la moitié de son stack sur des blindes assez faibles, alors qu'un autre joueur sérieux à déjà payé à tapis. Sa main: QT pour Top Paire kicker T !! En tant normal, dès que la mise est payée une fois, il aurait jeté instantanément sa main sans même réfléchir. Ce jour là, ce joueur subissait un début de tournoi difficile, et il a cherché jusqu'au bout une bonne raison pour payer cette mise. Sans surprise, les deux joueurs ont montré quinte et set...


Quand les premiers signes surviennent, le mieux est sans doute de prendre le temps de se calmer et de se reconcentrer. Le plus sûr est de jeter toutes les poubelles et mains moyennes car il n'est pas évident que nous soyons dans les meilleures dispositions pour prendre des décisions difficiles.

6 commentaires:

elgitano a dit…

C'est pas faux tout ça. Ca rejoint vraiment la gestion du tilt.

La frustration est d'autant plus grande lorsque l'on n'a pas la possibilité d'exploiter la table alors qu'elle semble largement à sa portée et qu'avec, soit un meilleur jeu, soit une meilleure position - pas avoir un gros LAG à 85% flop vu juste à gauche et un TAG surexcité juste après :) -, la situation serait totalement différente.
C'est la frustration de ne pas pouvoir gérer les évènements (alors qu'on est plus habitué à le faire), même lorsqu'on prend l'initiative. Quand le lead sur chaque coup joué est difficile à prendre, on subit.
Faut il attendre ou s'adapter?

J'adhère forcément au conseil qui consiste à prendre du recul, mais faut-il pour autant attendre d'avoir du jeu qui n'arrivera pas forcément? Si on arrive à être assez lucide, ne vaut-il pas mieux s'adapter à la table rythmée et dictée par l'activité d'1 ou 2 joueurs?

Compliqué tout ça :)
Il y a encore beaucoup de progrès à faire.

stef a dit…

bon ben moi aussi je debarque , promis un jour je lirai tout , je commence par la bio de ungar( a l'occase je te l'emprunte.)

sinon pour le reste ben je sais pas trop de quoi vous parlez ...

Renee RISSO a dit…

ciao Alexandre!

ça y est, à jour sur ton blog :)

pour ce qui est du sujet, je te rejoins sur ce sentiment de frustration qui peut durer bien au-delà d'une simple partie...

en CG, lorsque le sort est chagrin, qu'il joue quasi-systématiquement en notre défaveur en terme de rencontres ou de suck outs, la décision la plus simple et la plus sage est souvent de stopper la session pour ne la reprendre que plus ou moins tard selon l'intensité du malaise.

par contre, en tournoi, pas vraiment moyen de reprendre ses billes immédiatement... il faut donc continuer à jouer et le mieux possible... à chacun sa méthode pour décompresser, garder les idées assez claires pour ne pas sombrer dans une résignation nuisible ou une révolte aveugle...

de plus, le poker étant un jeu d'intoxication et de déstabilisation, un tel état d'esprit peut rapidement être exploiter par les adversaires perspicaces.

pas de recettes miracles évidemment, mais perso je vous conseille le cure-dent, il peut-être un excellent outil de relaxation et de recentrage, voire même parfois de déconcentration chez les autres :)

Sly a dit…

interressant , je peux pas trop parler de ça, puisque depuis maintenant 6 mois je ne joue presque plus en online , je me contente des manches MH et quelques freerols style (club poker sur PS... )
Mias je pense comme toi , il faut laisser passer l'orage , se calmer , faire si il le faut un mini break , maniere de laisser les doutes s'envolez et revenir plus fort.

Laboulle a dit…

Oui, ça tourne toujours autours de la gestion du tilt. Mais le sujet est tellement vaste. Je trouve ça intéressant au niveau de la naissance: impossibilité de jouer plus que badbeat, ou retard sur des objectifs. Et une conséquence un peu perverse: l'élargissement de son jeu de façon plus ou moins sensible et la tendance à baisser ses critères d'engagement. Le tilt, ce n'est pas forcément entrer en mode gros donk et balancer des boites à tout va...

Teamvtc a dit…

Je vais me faire l'avocat du diable, mais attention aussi à l'effet inverse qui veut qu'on soit plus (trop?) prudent, qui peut nous pousser à arrêter notre session alors que la table est bonne, qui peut nous amener à penser qu'il faut qu'on se calme alors que la phase du tournoi est en réalité à l'opposé de cette décision///...


Bref encore bcp de questions, de doutes, d'interrogations... assez pour rajouter à la problématique d'Alex sur la gestion objective par rapport à la gestion subjective !!